Dimanche 27 octobre, nous avons rendus hommage à Paul Varry avec une Vélorution contre les violences motorisées
Des prises de paroles ont eu lieu sur la place publique
Place Au Vélo
Un membre de l'association a pris la parole pour demander qui avait déjà été mis en danger par le non respect du code de la route. Toutes les mains se sont levées.
Les Rayonnantes
Violences routières : questions de masculinité et d'appropriation de l'espace public ?
La mort de Paul Varry n'est pas seulement une tragédie liée à la violence routière envers les cyclistes. C'est une perte dévastatrice, qui aurait pu être évitée. Derrière cette tragédie, il y a des questions profondément humaines sur la masculinité, la domination et l'appropriation de l’espace public. Cet espace, qui devrait être un lieu sûr et partagé par toustes, est trop souvent envahi par des comportements agressifs, des comportements qui symbolisent une masculinité toxique, exacerbée par l'usage de véhicules imposants.
L’agresseur de Paul n'était pas un simple conducteur. C'était un homme au volant d'un SUV. Ce véhicule n’est pas qu’un moyen de transport, il est aussi porteur d'une idée de puissance et de domination. Ce n’est pas un simple détail. Les SUV, par leur taille, leur poids et l’image de supériorité qu'ils renvoient, permettent à leurs conducteurs·rices de se sentir en position de force dans des espaces urbains toujours plus restreints. Ces véhicules donnent un sentiment d'invulnérabilité et d’autorité, des sentiments qui peuvent pousser certains à s’approprier l’espace au détriment des autres.
Ce type de comportement, cette agressivité sur la route, surtout envers les cyclistes, n'est pas un acte isolé. C’est une manifestation de domination, une manière de marquer son territoire. Combien de cyclistes, de piéton·nes, de conducteur·rices plus vulnérables subissent cette violence au quotidien ? Ce n'est pas un hasard si les hommes sont plus souvent impliqués dans des comportements agressifs au volant. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : environ 80 % des comportements agressifs sur la route sont le fait d’hommes, et 70 % des personnes impliquées dans des accidents mortels sont des hommes. Cette agressivité n'est pas simplement accidentelle. Elle est enracinée dans une culture qui valorise la compétition, le contrôle de l’espace, et la prise de risques – des valeurs profondément liées à une certaine idée de la masculinité.
Cette culture automobile, et plus encore celle des véhicules imposants comme les SUV, reflète une lutte pour l’appropriation de l’espace public. Le·a cycliste, perçu comme plus vulnérable, plus "petit·e", devient une cible pour ceux qui cherchent à affirmer leur domination. Dans un monde où posséder un véhicule puissant devient une extension de soi, de son pouvoir, de sa virilité, l'espace public devient un champ de bataille.
Mais cette appropriation violente de l’espace n’affecte pas que les cyclistes comme Paul. Elle touche aussi les femmes et les minorités de genre, qui subissent elleux aussi cette exclusion, cette intimidation. Chaque jour, que ce soit en tant que cyclistes, piéton·nes ou conducteur·rices, nous vivons cette agression dans des lieux qui devraient nous être accessibles à toustes. L’espace public, loin d’être neutre, est un lieu où la lutte pour la domination se joue à chaque instant.
Les comportements de violence, sous toutes leurs formes, n’ont pas leur place dans cet espace commun. Tout est politique. Se taire ou rester neutre face à ces dynamiques, c’est accepter que ces violences continuent. Ne pas se positionner fermement, dans nos discours et dans les événements que nous organisons, revient à renforcer les systèmes d'oppression qui permettent à ces violences de persister. Refuser de visibiliser l’agressivité et les violences sous toutes leurs formes, qu’elles se manifestent sur la route ou ailleurs, c’est les légitimer. Si nous voulons que l’espace public soit réellement partagé, inclusif et sûr pour toustes, nous devons agir contre la normalisation de l’agressivité et de la domination, et agir contre chaque forme de violence, dans chaque prise de position.
Nous ne pouvons plus rester indifférent·es. TOUT est politique.
Un usager de la Vélorution
Merci pour votre écoute et vive la Vélorution.